L’Ours et l’alambic.

Je m’aperçois cette nuit que ça fait un bout de temps que je t’ai pas parlé musique, et je t’en parle ce soir parce que j’ai mis de la musique tout le week-end sur les toiles de Malice qui exposait chez elle ce week-end, avec Monsieur Paul. C’était pour moi un peu le baptême du feu parce que je l’avais jamais vraiment fait avant (enfin si, une fois, mais un peu sans réfléchir). Cette fois-ci, j’avais vraiment fait des playlists, avec des morceaux que je voulais écouter en regardant ses toiles.

Malice a une maison qui prend le son. Cette maison a une âme, point. On est tout petit dans un tel endroit. C’est une maison qui a vécu, qui a reçu et hébergé plein de gens, plein d’oeuvres, plein de sensations, d’émotions – alors forcément, elle a des petits airs de sanctuaire. Mais tu sais, les bons sanctuaires, de ceux qui te laissent bouche-bée quand tu y entres pour la première fois. C’est pas toi qui rentre dans la maison, c’est elle qui vient te chercher.

Malice, elle peint avec des plantes. Elle les distille pour allonger son acrylique. Selon la plante, selon ses propriétés, c’est son état physiologique qui change, ainsi que l’émotion dans laquelle elle est. Alors Malice, elle donne des noms à ses couleurs. Comme ça, au moins, elle est sûre de pas se tromper. Je sais pas si elle aime forcément la couleur qu’elle pose sur ses toiles, mais c’est comme ça. Les couleurs vont et viennent. Malice, elle a juste inventé son langage – comme un pied-de-nez aux mots qui lui ont fait faux bonds. Malice, elle peint parce que c’est viscéral. Le reste, on s’en fout.

Pour l’avoir vu travailler. Pour avoir eu la chance d’écrire pendant qu’elle peignait, je sais ce qu’elle met dans ses toiles. Je sais qu’elle donne des noms aux colères qu’elle s’interdit d’avoir. Malice, elle a de larges épaules sur lesquels les gens se reposent, alors Malice, elle flanche pas, tu vois. Elle préfère se planquer quand elle sent que le sol fout le camp. Elle attend que ça passe. Elle hiberne. Point. C’est sa façon à elle d’emmerder le monde.

Alors je t’ai dit que j’allais parler un peu musique. Y’a des morceaux qui sont un peu comme la maison de Malice, ils viennent de chercher. Tu es en train de discuter, de faire ta vaisselle etc, et les premières notes… Et là, tu sais que tu vas t’arrêter, parce que tu peux clairement pas faire ta vaisselle en écoutant Jean Fauque ou Arno. Moi, j’aime bien.

Et puis un jour, je te parlerai d’Arno.

4 réponses à “L’Ours et l’alambic.

  1. Henri n’a pas que mis de la musique sur les toiles. Il a réussi à les faire vibrer, en y accordant les textes et les notes.
    J’attends avec impatience que tes textes soient chantés, le phénomène de résonance, tu connais et tu le maîtrises à merveille.
    [ @Diego: il faut absolument présenter Henri à Fauque. Pas le contraire. Ce petit à tout d’un grand]

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